lundi 9 avril 2012

Airplane


Décalage horaire, en mode transit. Une vie dans ses valises. Un monde inconnu, une destination qu’on ne connaît pas. La vie. On voyage, on se pose, on repart, on pense revenir indemne, mais tout a changé. Une vision qui change, un monde qui semble nous regarder différemment : les odeurs, le paysage. Rien ne sera plus pareil.

Partir c’est ne jamais vraiment revenir complètement, c’est rapporter avec soi quelqu’un d’autre. On tient fermement ses valises dans ses mains, on marche un peu et au premier miroir que l’on croise, on ne reconnaît plus son visage. Les traits sont différents, le regard n’est plus le même. Au plus profond de nous, on comprend que l’on devra vivre avec quelqu’un d’autre. Quelqu’un à apprivoiser.

Le voyage est terminé, on y a coupé court après plusieurs années. On dépose ses valises, l’aéroport n’a rien de très réconfortant, on a l’impression d’avoir un peu perdu son temps. Tout ce temps à vivre aux quatre coins du monde pour retourner dans cet endroit, dénudé d’odeurs, de vie et de grands projets. Des valises, un nouveau soi en prime, du bruit ambiant assourdissant qui ne nous concerne pas.

On s’assoit, on reprend son souffle. La chaise sur laquelle on atterrit n’a rien de très confortable, elle y est, c’est tout. On regarde les gens vivre autour, animés, excités par tous ces grands projets qui les concernent. Ils semblent si impliqués par la réalité, le présent. On y reste à les contempler, comme au travers d’une fenêtre, loin de tout ce bouillonnement on les regarde exister. Une fenêtre pour se protéger de ce moment présent qui n’est pas le nôtre.

Se lever, mais pour aller où? Par où commencer? Le cerveau n’a plus la même acuité, décalage horaire rendant la réflexion un peu floue. Un taxi probablement, appeler sa famille, ses amis. On reprend peu à peu ses esprits, mais le mouvement autrefois grand et plein d’énergie qui nous caractérise laisse place à un pas lent, hésitant. Les valises sont lourdes. Trop de souvenirs empaquetés.

Une bouffée d’air, c’est ce qu’il faudrait. L’air de l’aéroport est contenu, elle ne laisse pas aux poumons la possibilité de se remplir adéquatement. On accélère le pas, on a tout à coup cette soudaine envie d’embrasser le ciel, l’air et la terre. Courir à l’inverse de tout le monde. On s’en fou il n’y a plus d’avions pour nous.

Et on se retrouve dehors, des valises comme compagnons, un taxi pas trop loin. Aller ou on ne le sait pas. La destination n’a maintenant plus d’importance. Les avions repartiront un jour ou l’autre et on s’y retrouvera. Pour le moment, c’est l’air dans nos poumons et le vent sur un visage qu’on doit ré apprivoiser qui prime.

A bientôt les avions.